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J'ai reçu Nuit noire (merci pour la dédicace). C'est un drôle de trip. Je me demande bien ce qui a pu te pousser à construire ce personnage-démon. Il y a clairement des influences "jeux de rôles". C'est très juste parfois - imaginairement parlant - on sent bien que tu as cherché dans tes tripes une vérité émotionnelle, je pense à cet enfant dans son carton pendant que ses parents picolent jusqu'à ce que leurs conversations deviennent incohérentes et je ressens de la compassion, cette obsession de revoir ce chien mort qui le domine a quelque chose de profondément triste et glaçant, sa lassitude mêlée de frénésie lorsqu'il passe d'un animal décomposé à un autre nous donne tout de suite les indices pour la marche à suivre inéluctable... Toute cette première partie est "touchante", mis à part la relation incestueuse, lourde et dispensable, justification grossière d'une logique qui n'a pas forcément lieu d'être illustrée. L’amalgame de situations provocatrices - dont on devine le plaisir malsain que l'auteur doit ressentir en espérant faire gerber son lecteur émoticône wink - dessert le réalisme qui aurait pu être encore plus pénétrant s'il avait été plus sobre. ça tourne un peu au grand guignol, à la prouesse Sadique, car même si le style "blanc" est intéressant, il trouve probablement ses limites dans ton récit à partir du moment où tu n'a rien à dire ou que le fond de ton histoire n'a rien de choquant à raconter. Pourtant, je préfère les petites réflexions de ton narrateur sur les ombres dans les supermarchés, ou son rapport inversé du loup-garou, que les longues scènes répugnantes qui finissent par lasser. La fin est un peu décevante, pourquoi cette accumulation généalogique ainsi que ce besoin de nous démontrer que le narrateur écrit sa propre histoire ? Si l'effet escompté était de donner corps et réalité à cette écriture je trouve au contraire que ça nous sort la tête de la merde alors que tu t'étais donné tant de mal à l'y enfoncer.

Ce message a des allures de critique péteuse mais je ne t'écris pas pour te donner des leçons, je trouve que tu es un écrivain prometteur et il faudrait probablement que je lise La Place du mort pour me faire une idée plus juste. Mais je pense que tu gagnerais à te servir d'avantage de ta tête et de ton cœur en plus de tes tripes et de tes couilles pour que ton écriture soit plus puissante. C'est un avis à prendre comme il vient, je déteste les règles en écriture et je chie sur les écrivains qui imposent "la meilleure façon d'écrire", genre : "il faut avoir vécu les choses pour les écrire", "il y a des vrais et des faux écrivains", ce concours de bites m'agace, il n'y a pas de loi en écriture, chacun fait ce qu'il veut. Facile à dire, difficile à écrire, la plupart des lecteurs ne se rendent pas compte du temps et de l'énergie passés sur chaque phrase, chaque mot... D'ailleurs j'ai repéré une coquille dans Nuit noire, enfin je suppose, p. 92 : "c'est un mélange de cohérence de d'aberration". Et un passage qui m'a surpris p. 123 : "exactement comme quand on a fait un rêve érotique, qu'on a joui, et qu'au réveil, tout sonne faux...", je trouve cette réflexion étrange dans la bouche du narrateur, comme si tu avais voulu prostituer son esprit malade pour le rapprocher du lecteur et pour le coup, ça sonne faux, comme quand on a fait un rêve érotique...

Bref, bon boulot, bonne continuation et bonnes fêtes de fin d'année.

Charles

 

 

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Quelques mots à propos de Nuit noire. Fabuleux bouquin et très bonne préface qui condense pas mal d'idées que je partage comme la filiation très française avec Sade ou l'obsession pour la saleté et l'organique. C'est très bien vu. Effectivement, le livre est une descente aux enfers dans les tréfonds de l'abjection humaine, le genre de livre dans lequel le lecteur et l'auteur laissent forcément un morceau de leurs âmes et peut-être de leur intégrité mentale. On ne ressort pas PAREIL d'un texte comme celui-là, quelque chose s'est forcément transformé au passage. De même, on n'écrit pas IMPUNÉMENT ce genre de choses. On ne bâtit pas un tel cauchemar juste pour rigoler. Le prix à payer est trop cher.

Je partage également avec ton éditeur l'idée que l'écriture atteint une concision peu commune. C'est presque paradoxal d'ailleurs qu'une écriture aussi brillante (au sens où elle dépasse de très loin l'espèce de ventre mou de la littérature mainstream) soit alliée avec un fond d'un tel extrémisme (et qui ne peut donc, pour cette raison, toucher qu'un public ultra averti et presque sadomasochiste). En tout cas, le bouquin traite très bien des problématiques dont nous avions parlé à la radio. C'est clair dans l'intention : le personnage est une ordure, l'antithèse des prédateurs glamour des productions hollywoodiennes. J'ai bien senti l'influence du travail de Bourgoin (et notamment du cas de Edmund Kemper, le tueur d’auto-stoppeuses) et forcément de Elis (on y revient toujours, décidément...). Mais l'ouvrage réussit le tour de force de s'imposer comme un grand, très grand roman d'horreur français, dans un genre plutôt mal desservi pour des raisons culturelles dans notre beau pays. 150 pages, une maîtrise parfaite dans le fond comme dans la forme.

P.S. : Ah ! Je m'aperçois que j'ai oublié de te parler de ce que j'ai préféré dans ton bouquin : toute la partie ésotérique, avec sa cohorte de démons et de visions grotesques. C'est très dense et impressionnant. Sans vouloir être indiscret, la source c'est la kabbale juive, non ? Anteros, c'est un nom que j'ai déjà entendu quelque part, mais où ?

 

 

Sébas tien Gayraud (romancier et essayiste)

 

 

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Je me suis procuré " Nuit noire ". Un texte très sombre et morbide psychologiquement. Sans concession. Et sans concession avec lui-même, ( le personnage ).
Les événements qui ont polis son enfance, l'ont déshumanisé! L'ont dépouillé de toute réactions émotionelles, ou bien en était-il dépourvu des sa naissance? Le suicide du père le laisse stoic et il retourne regarder la télé, laissant sa mère découvrir le corp à son retour.

L'inceste, ce malaise qui s'installe et qu'il n'arrive à identifier, sentant quelque chose de sale et d'interdit dans lequel il savour quelque chose d'intangible et lui procure un certain plaisir dans le dégoût.

Ensuite ce long travail sur lui-même, dans la maturation de son idée d' Etre exceptionnel; inédit; comme une théologie de son âme et du pouvoir qu'il contient, alors qu'il est esclave de cette suprématie qui le guide comme un dictat. Mais il prend plaisir, il se sent maître! Maître de tout et de lui même!
De cette impunité qui le dicte et le gouverne. Le tout, dans une banalité désopilante qui régissent ces actions et ces actes dans une démarche totalement cohérente.
Ou est la fracture? A quel moment s'insère la folie?

Même ses rituels; a se branler, se scarifier, déféquer dans la cabane, s'enivrer de sang et de fluide corporel diverses( du sien et de celui de ses victimes ), prennent les attributs d'un mouvement sectaire, d'une religion, d'un mouvement thélogique, antropomorphique, philosophique, ( le cannibalisme entre autre ), mais a aucun moment, ne se dissimule une partie psychologique, ( pas dans la conception des ces actes outranciers dans le récits, je veux dire ), pas comme un déclencheur extérieur. Je veux dire, tout celà est en lui! C'est inné!

Bon, il y a plein d'autres choses qui me viennent en tête, comme, l'idée de la femme chose; la femme mirroir de nos pensées, de nos âmes; de ce que l'on voudrait qu'elle soit; la femme mère; la femme pute; la femme facile; la femme inaccessible; la femme rêve; la femme soumise; tout ce bordel oedypien! La mère femme; la femme enfant...

J'ai égalament beaucoup aimé et pertinent le démon; "Anteros" Avec le chiffre "3" soit, celui de la moitié de la de la bête. Avec ses douzes démons, comme celui des apôtres.
Comme Il dit; le chiffre parfait, le chiffre de l'absolu; tout est là!

Et l' épilogue. L'arbre généalogique du narrateur...

Outre toute cette psychanalyse des bas-fonds de la pensée humaine, le personnage s'en sort "indemne" au cours de sa vie, et de tout les crimes qu'il a commit et revendique, au nom de sa folie, de sa démence, ou de sa possession, que sa démarche sera la même quelque soit la forme future qu'il lui sera rendue.

Bon, y'a pas photo mon salaud! Pour moi, tu es loin devant.

Après lecture, le thème de ton livre si noir et obscur, que j'ai lu avec une facilitée déconcertante, je le trouve, ( mon avis de lecteur ), meilleur que la place du mort.

D'ou, une question; En as tu chier pour l'écrire? Ou est-ce venue instinctivement? ( Dans l'écriture je parle, pas dans l'histoire que tu avais en tête. ) Mais j'ai trouvé que l'écriture était si fluide, réfléchie, qu'elle coule comme la pluie sur une fenêtre, alors que dans " la place du mort " j'ai trouvé le récit, à certains moments, plus triturés. Alors que je l'ai lu avant et l'ai beaucoup apprécié, mais, au niveau de l'écriture, je trouve que " nuit noire " est bien supérieur.

 

Lors Borowitz (romancier)

 

 

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Nuit noire est un récit qui vous happe dès la première page et ne vous lâche plus. Pas de phase de démarrage, pas de mise en route, dès le départ, on est plongé dans la psyché d'un malade et on le suit dans ses délires de plus en plus sauvages. Aucune plage de repos dans ce livre, pas une once d'humour, seul nous est offert le brutal, le sanglant, le dérangé, mot après mot, phrase après phrase, paragraphe après paragraphe, page après page, chapitre après chapitre et on est hypnotisé et on lit. Alors on se forge une armure, on repousse l'horreur pour continuer.
C'est un livre dur qu'on est content d'avoir lu et content d'avoir fini.

Il me semble qu'il y a des incohérences dans les dates au début du bouquin. Entre l'âge du personnage et les différentes dates de naissance ou décès. Je me rappelle plus trop, mais ça m'a fait tiquer.

 

Catherine

 

 

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